Savoir décrire

Cette aide de jeu, signée Sébastien Delfino, est tirée du livre Mener une partie de jeu de rôle, de la Gamme Sortir de l’auberge, de la Collection Lapin Marteau.

Décrire

Normalement, les joueurs doivent connaître la condition de leur protagonistes : où sont-ils, quand, dans quel état et dans quelle situation selon leurs objectifs. Cet exposé fondamental doit être relatif aux PJ et clair pour les joueurs : Le MJ ne leur décrit que ce qu’ils peuvent percevoir, mais cela devrait déjà suffire pour que les joueurs puissent prendre des décisions. Mis à part si vous désirer limiter les informations données aux joueurs - surtout dans un cadre horrifique -, la plupart du temps les joueurs ont besoin d’avoir suffisamment de renseignements pour pouvoir prendre des décisions et se lancer dans certaines démarches.

Soyez plus pratiques que technique, plus subjectif qu’objectif
Pour être utile, l’information doit davantage être pratique que technique : les distances en pas plutôt qu’en mètres, véhicule tremblant sous le poids d’un PJ plutôt que du détail de ses boulons manquants...
Si les détails techniques vous importent, vous pourrez toujours vous y attarder par la suite, lorsqu’un PJ emploiera une compétence ou un objet spécifique.

Pour un lieu, faites de la description un itinéraire
Un outil est d’abord perçu par la façon dont on le manipule, puis par ses effets. De même, a description d’un lieu devrait autant se fonder sur la manière dont on peut y circuler que sur ce que l’on en perçoit. Faites que la description d’un effet améliore la description de l’ambiance d’une situation, d’un lieu, ou d’une action.

Décrivez par touches successives
Au contraire du monde réel qui se manifeste à nous en continu, le contexte imaginaire doit être régulièrement réitéré pour ne pas s’abîme dans le flou, puis l’oubli. Mais plutôt que de rabâcher les mêmes informations, le MJ a tout intérêt à exploiter les actions des personnages et les changements de l’environnement pour non seulement replacer mais aussi actualiser et détailler ses descriptions, comme le font les conteurs habiles. En mobilisant le sens pratique des joueurs et en faisant appel à sa gamme sensorielle, le MJ peut éveiller certaines émotions chez le PJ.

Comment utiliser les descriptions pour installer une ambiance ?
La description est un important vecteur d’ambiance et favorise donc l’immersion des joueurs. Pour cela, il faut :
- Utilisez tous les sens, bien au-delà de la vue et du son, notamment par l’odorat et le toucher.
- parlez-leur de leurs sensations physiques (le gargouillement des tripes, le malaise, la fatigue, la douleur, les crampes, le plaisir, l’engourdissement, le vertige, l’accélération et la force d’un mouvement, la respiration, la perception du temps, les appuis, les postures, l’adrénaline, la sueur, la chair de poule, les battements du cœur...)
Les impressions des personnages créent un chemin vers le ressenti des joueurs et, par ce biais, le MJ peut leur transmettre bien plus que la sensation de leur environnement, il peut provoquer une atmosphère et une implication majorée de la part des joueurs.

Mise en scène
Si une histoire est une suite d’événements fictifs, la narration est la manière dont on les raconte. Au sein de cette dernière, la mise en scène est alors la façon dont sont présentés ces événements, le cadre par lequel on dévoile l’histoire (en omettant tout ce qui est hors-champs), les éléments sur lesquels ont attire particulièrement l’attention, le découpage et l’exposition des scènes, elur rythme leur enchaînement, les effets d’annonce et de suspense...

Si les joueurs choisissent également les éléments qui vont retenir leur attention et dépeindre leur compréhension d’une scène, le MJ décide , au moins en partie, de son orientation. cette mise en scène va influencer les descriptions en conditionnant ce que l’on décrit, quand, comment et à quel point.

En JdR, la focalisation est quasiment induite : tout ce qui est perçu l’est a priori par les protagonistes. Le point de vue peut donc être soit singulier, propre à l’un d’entre eux (un PJ), soit suivre le groupe tout entier en focalisation plurielle.

Comment doser ses descriptions ?
Choisissez le détail au bon moment
Braquez le projecteur sur ce qui intéresse les joueurs et singularisez vos descriptions (en fonction des goûts et des compétences de chaque PJ).
Rythmez la partie grâce aux descriptions.

Comment enrichir les descriptions ?
Décrivez selon un dynamique progressive (au fil de l’exploration, aller du général au particulier ou inversement d’un élément précis jusqu’à une visualisation d’ensemble ; durant une description apparemment tranquille faire monter la tension à partir d’un élément créant surprise, rire ou frayeur)
Définissez vos objectifs pour savoir quoi décrire et pourquoi (fixez un objectif clair pour chaque narration pour soutenir l’immersion dans un univers tangible)

Comment préparer une description ?
Documentez-vous et trouvez des sources d’inspiration (Internet, expérience personnelles, jeux, livres, cinéma, etc)
Projetez-vous la scène (l’atmosphère, les angles de vue, les textures : comment la situation apparait-elle, comment les ressentez-vous ? Sauriez-vous y ajouter des détails ? Représentez-vous être un joueur : que feriez-vous ? Quelles sensations auriez-vous ? Quelles actions faites et pour quel résultat ?
Trouver le bon rythme (description longue lors de phase découverte ou calme, rapide ou entre-coupée lors de phase de combat)
Choisissez le registre de langue approprié (ton, syntaxe, lexique et formulation)
Préparez des supports de descriptions synthétiques et clair, sans forcément rédiger
interprétez les descriptions (effets de voix (ton, débit, volume sonore), gestuelle) En fonction de la situation, adapter sa narration et sa voix en conséquence : pauses pour le silence du désert, murmures pour le bruissement des feuilles d’arbres, cris lors d’une catastrophe...)

Rendre les descriptions interactives
Laissez lez PJ intervenir et, par leur propre description des actions qu’ils effectuent, amener à dévoiler des indices de second plan. Solliciter des descriptions est un moyen pour les joueurs d’évaluer leurs actions, peser les chances de réussite, chercher des solutions et mesurer leurs résultats.
Utiliser la mécanique de la résolution des actions des PJ (non seulement leurs résultats vont leur rapporter ou leur coûter de l’information (indices ratés, fausses pistes, erreurs de jugement...) mais ils vont aussi produire des sensations plaisante ou douloureuses et une mise en scène flatteuse ou accablante).

Jouer avec les descriptions
Semez des indices dans vos descriptions
Ferrez vos joueurs (il s’agit, par l’ensemble des éléments décrits, de favoriser l’implicite à l’explicite, mettre en valeur certains détails importants parmi ceux simplement descriptifs)