Nephilim le Jeu de l’Occulte Contemporain

Accueil du site > Background > Les Sciences Occultes > Nephilim > La Kabbale > Les lettres de la Création

Les lettres de la Création

mardi 21 octobre 2008, par Didier


Lorsque l’on présente la Kabbale comme "l’expérience qui permet de recevoir la lumière de l’infini", on peut se demander quelle distinction existe entre la Kabbale et les autres systèmes mystiques qui parlent tous d’énergie, de vibration et de lumière. Cette question est importante car elle permet de mieux cerner la particularité, la spécificité de la Kabbale.

Nous savons que le Or en Sof, la lumière de l’infini, passait de manière privilégiée par la décade des éléments fondamentaux : les Sephiroth. Cependant , il existe pour la Kabbale un autre chemin par lequel les énergies des mondes supérieurs peuvent transiter pour venir irriguer les mondes de l’en bas. Ce chemin est constitué par les lettres de l’alphabet et le texte de la Torah.

Alphabet hébraïque

La langue hébraïque est la "langue sainte" (lachone haqodèch) parce que les lettres hébraïques possèdent une force créatrice extraordinaire, une énergie telle qu’elles sont les outils primordiaux de la Création...Au commencement de la Création du Ciel et de la Terre, Dieu dit "Que la lumière soit !" Et la lumière fut ! il existe un mystère des lettres de la Création, tant au niveau de leur formes, de leur significations que de leurs valeurs numériques. Une des préoccupations majeures de la Kabbale est de pénétrer ces secrets.

Un midrach enseigne :
Avant la création du monde, les lettres, les 22 lettres existaient déjà ; mais elles demeuraient mystérieuses et secrètes, cachées aux profondeurs des arcanes divins. Lorsque Dieu prend la décision de créer, voici les lettres se mettent en mouvement et, telle les 22 princesses d’un cortège royal, elles s’avance dans l’ordre inverse de celui de l’alphabet normal ; si bien que c’est Tav, la dernière, qui de fait, effectue la première son entrée et présente, la première, sa requête :

- Maître du monde, de grâce, sers-toi de moi pour faire ta création. Ne suis-je pas la lettre qui achève le mot gravé sur ton sceptre : le mot de "vérité" (en hébreu : émet) ?

- Tu es, en effet, digne, répond le Saint, béni soit-Il ; mais il ne convient pas que je me serve de toi pour faire la création du monde, parce que tu es destinée à être marquée sur le front des hommes fidèles qui auront observé la loi depuis le Aleph jusqu’au Tav, et aussi parce que tu formes la lettre finale du mot "mort" (mavèt). Pour ces raisons, il ne me convient oas de me servir de toi pour faire la création du monde.

Et la lettre Tav de se retirer...Que pouvait-elle répliquer ?
C’est le tour de la lettre Chin. Elle se présente et se prévaut de constituer l’initiale du Nom divin.

Il convient que l’on se serve de l’initiale du nom sacré ChaddaÏ, pour faire la création du monde.

En effet, répond le Saint, béni soit-Il, tu es digne, tu es bonne et tu es vraie. Mais des faussaires se serviront de toi pour affirmer les pires mensonges, en t’associant les deux lettres Qof et Rèch pour former le mot "mensonge" (chéqer) (...)
Et la lettre Chin se retira, tandis que ses compagnons, les lettres Qof et Rèch, n’osèrent même plus se présenter.

Toutes les autres lettres défilent ainsi, tour à tour, alléguant chacune ses droits et ses propres qualités la rendant spécialement apte pour être l’outil privillégié de la création du monde. Et, chaque fois, le Saint, béni soit-Il, rétorque par un argument irréfutable qui brise toutes leurs prétentions.
Nous arrivons ainsi à l’avant-dernière lettre : la lettre Bèt

- Maître de l’Univers, qu’il te plaise de te servir de moi pour faire la création du monde, car je suis l’initiale du mot dont on se sert pour te bénir : "Baroukh" (Béni soit-Il).

- Et le Saint, béni soit-Il, lui donne -enfin- raison :
- C’est, en effet, de toi que je me servirais pour inaugurer la création du monde et tu seras ainsi la base de toute l’"Œuvre de la création".
Et la lettre Aleph, la toute dernière, c’est-à-dire la toute première, qu’est elle devenue ?
Elle demeura à sa place, sans se présenter.
-Aleph, Aleph, pourquoi ne t’es-tu pas présentée devant moi comme toutes les autres ?
Et Aleph répondit
Maître de l’Univers, voyant toutes les lettres se présenter devant toi inutilement, pourquoi me serais-je présentée aussi ? Puis, comme j’ai vu que tu as déjà accordé à la lettre Bèt ce don précieux, j’ai compris qu’il ne sied pas au Roi céleste de reprendre le don qu’il a fait à l’un de ses serviteurs pour en grattifier un autre.
Le Saint, bénit soit-Il, s’écrie alors :
-Ô Aleph, Aleph, bien que ce soit la lettre Bèt dont je me servirai pour faire la création du monde, tu seras la première de toutes les lettres et je n’aurai d’unité qu’en toi : tu seras la base de tous les calculs et de tous les actes faits dans le monde, et on ne saurait trouver d’unité nulle part, si ce n’est dans la lettre Aleph ! (Tiré du Zohar)

Chevaliers et Kabbalistes

Les "Chevaux de feu"
Le chemin de l’infini passe ainsi par un matérieu privilégié, le livre, et les lettres de la Tora, c’est-à-dire d’abord les vingt-deux lettres de l’aphabet hébraïque, qui en sont les premiers et essentiels réceptacles.
Un passage du tiquouné Zohar nous offre une magnifique expression qui dit que les lettres de la Tora sont des "chevaux de feu".

Lettres, lumières et énergie
Pour pénétrer dans le monde de la pensée hébraïque, il faut sans aucun doute connaître le matérieu dans lequel elle se formule. On ne peut absolument rien comprendre à la pensée hébraïque, et aux textes de la Kabbale en particulier, si on ne retient pas que le monde ne prééxise pas au langage mais qu’il se forme de lui et par lui. La dynamique des mondes va de pair avec la dynamique du langage. Entre les deux processus, court un constant échange de forces. Tout le cycle du devenir dépend de cet échange, qui entretient sans cesse son mouvement

Après le premier gand tsimtsoun qui fit place à l’univers, la mulière du En Sof revint sous la forme d’un rayon de lumière : c’est la phase du second tsimtsoun. Mais là, la lumière du rayon est encore trop forte pour être accueillie par les créatures. Le rayon de lumière-énergie subit alors un autre tsimtsoun (quon pourra nommer le troisième tsimtsoun) pour être tout d’abord acueilli dans une matière qui est à la limite de la matière et de l’énergie : la lettre aleph.

Le aleph
Le aleph est une lettre qui se voit mais qui ne se prononce pas, visible pur. C’est la seule lettre qui ne se prononce pas du tout. Elle n’est même pas une consonne au sens strict du mot puisqu’elle ne sonne ni ne résonne à l’oreille. Elle fait émerger la beauté du silence qui est le noyau même de tout langage, le vide sonore autour duquel s’organise toute possibilité du langage.
Lorsque le kabbaliste compose ou écoute de la musique, il est avant tout attentif au chant du aleph.

Ecrire de la musique, pour la kabbale, c’est vouloir faire entendre de silence. En réalité, les mots, les notes sont là pour accentuer le silence...
Ainsi le kabbaliste doit d’abord créer le silence, le modeler, le moduler et essayer de lui donner une place dans le monde pour pouvoir l’entendre vibrer.
Il faut alors chercher des notes qui le feront résonner. Les notes de musique sont un écrin sonore pour la mélodie du aleph.
Entre la Terre et le Ciel, une échelle. Le silence est au sommet de cette échelle. Toutes les paroles que nous disons ou écrivons sont des degrés intermédiaires pour essayer d’atteindre la blancheur silencieuse du Saphir.

Le aleph, c’est le plus haut degré de la clarté qu’aucun mot e peut venir exprimer ni explorer.
Car comment parler de ce qui , par nature, se dérobe au langage ? Il existe certainement quelques vocables qui tintent de vide, et désignent, dans l’incertitude et l’inquiétude, la possibilité d’un sens à trouver et à donnerà cet absolu défi au sens qu’est la lumière de l’infini. Le kabbaliste se préserve de l’excès de mots. Il souhaite écrire des mots qui soient insérés organiquement dans le silence, qui ne cherchent pas à dominer le silence...
Silence qui sera toujours plus difficile à représenter qu’il n’est facile de trouver ses mots. Le aleph est le symbole de l’énergie.

Feu noir sur feu blanc : une approche de la théorie des écorces
La lettre est pour la kabbale un "feu noir sur feu blanc" ; elle est considérée comme une écorce ou une coquille. C’est ce que la kabbale nomme qlipa (pluriel, qlipot). La fonction de la qlipa est de faire écran et de protéger l’home de l’aveuglement de la trop forte lumière du en sof.
La lumière du aleph étant trop forte -elle ne pourrait être perçue sans aveuger celui qui la recevrait -, elle vient "s’habiller " dans une autre "écorce" : la lettre bèt, deuxième lettre de l’alphabet. La lumière poursuit sa route en s’enveloppant successivement dans les vingt-deux lettres de l’alphabet.

Ainsi, la lumière s’enveloppe d’abord dans le aleph, qui s’enveloppe lui-même dans le bèt, qui s’enveloppe lui-même dans le guimèl, etc.
La deuxième lettre contient ainsi une autre lettre, la troisième lettre contient deux lettres, le aleph et le bèt, et ainsi de suite jusqu’à la vingt-deuxième lettre, qui en contient donc vingt et une.
Plus on avance dans l’alphabet, plus il y a d’écran devant la lumière de l’infini. C’est pour cela que les maîtres de la kabbale expliquent que lorsqu’on arrive à la dernière lettre de l’alphabet hébraïque, le tav, la lumière est tellement faible qu’on la perçoit à peine.
Selon cette théorie, on peut donner un nouveau sens à la guematria ou valeur numérique.
La valeur numérique d’une lettre, et partant celle d’un mot, serait le nombre de qlipot, d’écorces ou d’enveloppes qui protégeraient la lumière qui se trouve dans la lettre. Ainsi la lettre aleph a une valeur de 1, c’est qu’elle possède une seule enveloppe. La lettre mèm a une valeur numérique de 40, ce qui signifie qu’il existe quarante enveloppes entourant le noyau de lumière au cœur de la lettre. Plus un mot possède une valeur numérique élevée, plus il est difficile d’en approcher le noyau de lumière.

Le texte et la métaphore du feu
La métaphore du feu est omniprésente dans les textes de la kabbale, notamment pour parler du texte et de ses différents composants. Ainsi les lettres sont appelées "chevaux de feu" ; les mots, "chariots de feu" ; le texte dans son ensemble, "feu noir sur feu blanc".
il est intéressant de note que, pour le Talmud, la définition du livre ne peut se comprendre qu’à partir de la situation critique et extrême d’un incendie qui met en danger l’existence des livres.

Portfolio

La lettre Tav

Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette