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Maîtrise et beauté, politique et esthétique

Nétzah et Hod

mercredi 16 septembre 2009, par Didier


Les deux sefirot nétsah et hod forment un dyptique dont l’image est celle de la voyelle tséré :

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Une Première vision de ces deux sefirot

Le politique, l’économie, la morale
Nétsah, en hébreu, c’est la « victoire », dans le sens de la maîtrise sur quelque chose. C’est aussi l’éternité.
L’homme qui se construit selon le modèle sefirotique poursuit sa structuration personnelle par l’acquisition d’une maîtrise dans différents domaines.
Après avoir accepté d’être entièrement dans ce qu’il fait (kétèr) et d’organiser son esprit selon la triade hokhmah-bina-daat, après avoir modelé son inscription d’être au monde selon la triade héssèd-din-tiférèt, l’homme se rapproche de la matière et de la concrétude du monde, qu’il va falloir organiser de telle manière que le monde soit viable de la meilleure façon et pour le plus grand nombre.

C’est l’organisation de la cité. C’est la nécessité du politique, de l’économie et de la maîtrise des passions. La figure typologique de cette sefira est Joseph, à propos duquel le texte biblique nous rapporte comment, après ne pas avoir cédé à la tentation de la femme de Poutiphar (maîtrise des passions), il devient vice-roi (politique) et réorganise l’économie de l’Egypte.
L’homme de Kabbale ne peut se contenter d’être contemplatif, il doit aussi s’insérer dans les réalité concrètes de ce monde.

Hod, esthétique et éthique
L’homme kabbalistique est par essence un artiste

L’organisation du monde à laquelle nous a invité la sefira netsah ne doit pas nous faire croire que seul le pragmatisme technique est important et qu’il suffit que les hommes satisfassent leurs besoins vitaux pour que le monde soit en harmonie. Il faut encore y ajouter une dimension fondamentale : l’esthétique.
La beauté fait partie de l’harmonie du monde !
L’homme est à la fois un artiste et une œuvre d’art.
Dans la tradition hébraïque, le mot « artiste » n’apparaît qu’une seule fois dans le texte biblique. Le verset 2 du chapitre VII du Cantique des Cantiques fait surgir ce mot unique dans le contexte suivant :

Que tes pas sont beaux
dans leurs sandales
fille d’homme généreux !
La courbure de tes hanches
est comme des colliers
œuvre des mains d’un artiste.

L’œuvre de l’artiste, c’est l’arrondi des hanche, mais aussi et d’abord la beauté des pas dans les sandales. L’art c’est la marche, la métaphysique du devenir, « métaphysique de la chaussure » et du chemin.
L’œuvre d’art est une ouverture du monde à son futur le plus essentiel : elle est la mise en mouvement, le chemin, le voyage…
Chemin qui ouvre au chemin lui-même. Mise en mouvement, dynamisme d’un être toujours en devenir, toujours prêt au voyage, toujours en quête dune nouveauté, « tendu vers », érotisme de la démarche chaloupée, érotisme de la femme dont la courbe des hanches est le signe de l’enfant porté, de l’ouverture du temps au temps…
Ouverture sur le lendemain…

Vivre, c’est naître à chaque instant
Si kétèr insiste sur la dimension du présent, il ne s’agit pas pour autant d’une négation des autres dimensions du temps.
Pour la kabbale, les trois temps doivent être assumés pleinement et c’est le sens même du Tétragramme, qui signifie étymologiquement « passé, « présent » et « futur ».
Rabbi Nahman de Braslav enseigne : « Il est interdit d’être vieux. »
Quel est le sens d’une telle phrase ?
Rabbi Nahman voudrait que nous soyons capables de persévérer en un état d’enfance dans ce qu’il a de constructif par rapport à la dimension du futur.
Ce qui est formidable chez l’enfant et l’adolescent, c’est la capacité à dire :
Quand je serais grand, je… » Je serai, je ferai…
Dans cette phrase extraordinaire, il y a toute la force du rêve, de l’attente, de l’impatience, du temps à venir. Dans cette phrase, il y a la puissance de l’espérance. Un enfant est porté par l’espérance, son temps est quasiment messianique….
Mieux encore, l’enfant n’a pas que l’espérance. Il est l’espérance même.
L’espérance, c’est savoir que tout est toujours ouvert, que l’avenir est un cadeau que nous offre la vie, car on peut toujours se transformer, changer de chemin, inventer de nouvelles voies sans être enfermé dans le rôle des « grandes personnes » dans lequel nous nous sommes nous-même enfermés ou dans lequel les autres nous ont emprisonnés. Ou, comme le dit Erich Fromm dans Zen, bouddhisme et psychanalyse : « Vivre, c’est naître à chaque instant. »

Le Principe espérance
Nous comprenons mieux sans doute maintenant le sens de la phrase de Rabbi Nahman de Braslav. Il est interdit de perdre la force de l’espérance, il est interdit de renoncer à grandir. Il faut toujours pouvoir dire : "quand je serai grand, je…"
Nous touchons là à une nouvelle définition de la vieillesse. Est vieux celui qui a perdu toute espérance. Est vieux celui qui au lieu de voir l’espérance comme une porte qui s’ouvre dans le futur la voit s’ouvrir vers le passé.
La vieillesse, c’est la nostalgie de l’espérance. C’est quand on n’a plus suffisamment de force pour dire « demain ».
L’enfance, ce sont les désirs, les angoisses, les pleurs et les rires mais c’est avant tout le rêve, le rêve sacré de grandir.
La sefira de hod, c’est l’interdiction de voler le rêve et la force d’enfance que nous avons tous porté un jour et que nous n’avons peut-être pas assez préservé. C’est ne jamais désespérer, porter cette force d’enfance. Espérance pour rendre possible la naissance et la renaissance, un seul mot en hébreu : tiqva.

la Gloire/Beauté et la Victoire par rapport aux Piliers

On peut se demander ce que fait la Sefira de la Beauté dans le Pilier de la Rigueur, de même que la sefira de la Victoire dans celui de la Bonté.

Les sefira "tactiques"
Le fait de les définir comme des séfirot “tactiques”, veut dire que leur objectif n’est pas inhérent à elles-mêmes mais qu’elles sont un moyen pour parvenir à quelque chose d’autre.

Comprendre en quoi consistent les attributs de Netsah et de Hod, nous fournit une nouvelle optique permettant d’appréhender ce qui se passe dans le monde. Il n’est plus question de juger exclusivement un acte sur son apparence et essayer de le comprendre en tant que tel mais il faut le regarder également comme un moyen de “parvenir à une fin”.

Netsah
En vérité, la Victoire ne doit pas être prise au sens stricte du combat mais au résultat, à savoir le triomphe après la bataille remportée par la force (Gebourah) ; la paix qui règne à nouveau et la liesse qui en résulte. Cette sefira représente l’élan mystique, l’union de l’intellect et de la foi. Elle est la sphère des sentiments et des émotions. C’est la séfira du réconfort et également celle de la guérison. Elle est appelée « victoire » car elle symbolise le but qui a été atteint, l’adéquation.

Hod
Hod, la Beauté/la Gloire ou bien encore la crainte révérentielle provient de Héssèd, la Bonté.
Hod représente la rigueur intellectuelle, l’analyse et la compréhension. Elle est associée aux formalismes, à la logique et au rationalisme. Sous son influence, la kabbaliste cherche à comprendre un objet en l’analysant. Elle est appelée « gloire » car elle exprime la reconnaissance du savoir maîtrisé. Elle est aussi la gardienne des secrets, des savoirs et de la mémoire du monde.

La Kabbale nous enseigne que la question de Job
(“Pourquoi le juste souffre-t-il ?”)
et celle du Roi David
(“Pourquoi les méchants prospèrent-ils) trouvent une réponse dans les attributs de Netsah et de Hod.

Par exemple, la souffrance des justes peut être un test afin d’augmenter leur récompense ou bien un moyen de les nettoyer des quelques péchés qu’ils ont commis de telle sorte qu’ils soient purifiés et parfaits dans le monde futur. Quant aux méchants, leur réussite leur donnera un sentiment de suffisance qui les empêchera ainsi de se repentir ou bien ils seront pleinement récompensés sur terre afin que leur destruction ultérieure soit complète.

D’autres cas sont également possibles ; le fait essentiel est que les actions divines vont bien au-delà de ce qu’il apparaît superficiellement.

Netsa’h correspond aux actes divins qui sont par essence du ‘hessed, de la “bienveillance”, mais dont les préliminaires se présentent sous forme de la rigueur. Les cas où “les méchants prospèrent” font partie expressément du domaine de hod. Il s’agit d’un châtiment - relevant donc fondamentalement de l’attribut de guévoura, force/retenue - mais introduit de façon plaisante.

Ces séfirot marquent un tournant essentiel dans le processus en question. Alors que les deux premiers groupes de séfirot ont trait à la volonté intrinsèque de Dieu et à ce qu’Il désire accorder à l’homme, ces séfirot se concentrent sur l’homme lui-même. Quelle est la manière la plus appropriée pour celui-ci de recevoir le message divin ? Comment exécuter Sa volonté le plus efficacement possible ?

Un but plus profond

L’objectif plus profond sous-tendu par ces deux séfirot est d’amplifier la vérité divine. Quand on comprend ce que sont les attributs de netsa’h et qu’ensuite on voit des justes jouir du bien, on réalise combien celui-ci est mérité. Les êtres humains ont tendance à faire preuve de sensiblerie. On pardonne les petites erreurs commises par une personne qui est généralement bonne. Ce qui signifie qu’elle recevra des avantages qu’elle n’a pas complètement mérités. Mais en raison du netsah divin - c’est-à-dire en sanctionnant de manière absolue les fautes commises par les justes - le fait de mériter chaque parcelle du bien qu’on obtient prend un sens incroyablement plus vif.

De même en ce qui concerne le hod. Le châtiment infligé aux méchants, placé dans la perspective du bien qui leur est octroyé, peut être perçu non pas pas comme un acte mesquin de vengeance mais plutôt comme une punition justement méritée.

Aussi, grâce à cette explication, pouvons-nous comprendre le sens littéral de netsah et hod.

L’acte de Netsah, accompli par Dieu, semble consister à vaincre. C’est un acte déclaré de conquête. Il semble être le produit final de guévoura, la force, c’est-à-dire le potentiel de gagner alors que netsa’h est la victoire réelle, obtenue au moyen de la force.

Mais Hod est beaucoup plus profond. La peur est un sentiment éprouvé face à une menace évidente, telle qu’un homme pointant un pistolet sur notre tête. Mais la crainte révérentielle, quant à elle, est ressentie envers une personne ou un objet qui semble avoir une force ou une puissance cachées. On est frappé de terreur quand on se trouve en présence d’un puissant dirigeant. Non pas en raison de sa force physique ou parce qu’il brandit un revolver mais à cause de la puissance qui se dégage de sa personne. On est saisi de respect mêlé d’effroi devant un grand homme en raison de la puissance spirituelle immense inhérente à l’humilité et à la modestie que l’on distingue en lui.

De même en ce qui concerne Dieu, quand, rétrospectivement, on voit que, dans la liberté d’action accordée aux impies, se camoufle l’ouragan qui va se déchaîner contre eux.


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