Nephilim le Jeu de l’Occulte Contemporain

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Créer le messie

dimanche 19 septembre 2010, par Didier


Durant le XVIIème siècle, les juifs, riches ou pauvres, vivaient dans un sentiment d’insécurité constant. Personne n’était à l’abri des fluctuations économiques et des effets défavorables des évènements politiques. De ce fait, il n’y avait pas de différence essentielle sur le plan socio-psychologique entre les différentes communautés de la diaspora.

Dans ce contexte, le renouveau religieux à Safed et la kabbale lourianique (de Rabbi Isaac Louria) remplirent une fonction idéologique qui dépassa considérablement la seule visée religieuse de ses initiateurs. Les images concrètes du Tsimtsoum, Chevira et Tiqoun acquirent rapidement une dimension nationale et un grand pouvoir dynamique.
Le Tiqoun, sorti du domaine purement mystique et de son aspect cosmique et ontologique, prit surtout un caractère politique, traduit dans un premier temps par la création d’une tension de nature messianique. La "réparation" du Tiqoun se transforma rapidement en "rédemption" des âmes et des corps. Le Tiqoun fut entendu comme rédemption de l’individu et de la collectivité.

Le rôle du Messie
Lorsque l’homme et la communauté auront accompli leur rôle actif symbolisé par l’"élévation des étincelles", le Tiqoun sera achevé ; la "réparation" sera terminée et toutes les choses se retrouveront à la place où elle se trouvaient au temps primordial du monde. Ce moment sera celui de la "rédemption".

La "rédemption vient d’elle-même car elle n’est rien d’autre que la "Réparation"". Les deux notions sont identiques : si le monde est réparé, il est impossible que la "rédemption" ne vienne pas, puisqu’elle ne fait qu’exprimer l’état parfait et impeccable du monde, un monde harmonieux où chaque chose se trouve à sa place. Cela revient à dire que travailler à la réparation" du monde consiste de fait à travailler à sa "rédemption". Pour Isaac Louria, notre rôle est de réparer le monde intérieur et extérieur par nos actions. Cette idée est l’une des plus fondamentales car elle confère aux Mitsvot (préceptes de la Loi, Hanaka en hébreu) une signification et une dimension cosmiques. Dès lors il existe un lien entre le judaïsme traditionnel, ses préceptes et ses idées et les forces fondamentales mystérieuses qui sont à l’œuvre dans le monde entier.

L’homme qui accomplit un précepte ne fait plus simplement que l’accomplir, il se livre à une action universelle. il répare quelque chose. L’action de l’homme devient le moteur même de l’histoire.
Par nos actes, nous sommes tous engagés dans une unique aventure messianique à laquelle nous sommes tous tenus de participer.

Dans ce contexte, le Messie n’est pas celui qui produit la Rédemption, il n’est que la manifestation de la réussite de la Rédemption.
On ne peut plus attendre le Messie, on doit le créer. En tant que symbole de l’achèvement du Tiqoun, le Messie perd sa valeur personnelle, et on comprend pourquoi il a peu d’importance dans la Kabbale de Rabbi Isaac Louria.

La notion d’un homme-Messie disparaît. il n’y a plus un sauveur de l’humanité qui rachète l’humanité par sa simple existence et sa simple souffrance.
Ces notions sont révolutionnaires dans la mesure où elles bouleversent les idées reçues sur le Messie, voyant en lui une sorte de sauveur miraculeux qui, par sa seule action, amènerait la Rédemption.

A partir de Louria, on n’attend plus un mouvement messianique déterminé, lié à un Messie nommément désigné ; le Messie devient le peuple d’Israël tout entier. C’est le peuple d’Israël dans son ensemble qui se prépare à réparer la cassure originelle. On comprend dans ce contexte que la Rédemption d’Israël (au sens national et politique du terme) ait été une perspective très réelle.

Pour terminer ce résumé des concepts clefs de la nouvelle Kabbale, on peut dire que sa révolution consista précisément à rendre au juif le sentiment de sa responsabilité et de sa dignité en lui faisant prendre conscience que l’Histoire n’est pas une fatalité, que le juif n’est pas destiné à être malheureux, mais qu’il a en lui de manière collective et individuelle les ressources d’un combat pour le bonheur, les forces de sa liberté.


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