l’Ancre d’Arkhémia

Le corps

POT de prégnance : 38

Le décor
Celui qui se dirige vers cet Akasha a nécessairement déjà une idée de ce qu’il va trouver. En effet, ce sont les Nephilim qui ont suivi toutes les étapes de la progression alchimique et ont atteint le plus haut degré de maîtrise de cette Science Occulte. Ils ont d’ors et déjà réalisé leur Microcosme dans lequel ils se sont entraînés à transmuter la matière à l’échelle d’un micro-univers, et à cultiver un monde à part, doté de sa propre écologie magique, où ils ont pu déployer leur science accumulée au fil des trois Cercle. Ils sont prêts désormais, alors qu’ils voguent en direction des rives de cet Archipel, à œuvrer à l’élaboration d’un Macrocosme, d’une Atlantide aurifère ressuscitée, susceptible d’accueillir les Agarthiens. Ce monde se nomme Arkhémia.

Arkhémia est la nouvelle Terre que confectionnent les Agarthiens issus de la troisième discipline occulte. Elle ne fait pas partie des Plans Subtils, c’est une tierce direction pour les chercheurs d’Agartha, une issue réservée aux maîtres du Grand œuvre. Toutefois, un aspect d’Arkhémia est en contact étroit avec les Archipels et remplit une fonction importante : il s’agit d’assurer l’ancrage des Akasha dans la réalité profane - le monde des hommes où errent les Immortels en rêvant des refuges subtils - et par là même la pérennité de l’élévation des esprits vers les Archipels Pélasgiques.

Cet Akasha est l’ancre de cet autre monde nouvellement conçu et la passerelle vers Arkhémia. Il est à la fois la Voûte, qui permet de contempler Arkhémia en chantier en levant les yeux vers la destination ultime des Adeptes ; et le Pilier, qui traverse les strates des Plans subtils et établit la tripartition alchimique en reliant "ce qui est en bas" à "ce qui est en haut" : Terre-Archipels Subtils-Arkhémia.

En apercevant les abords de cet Archipel, le navigateur avise des falaises charbonneuses qui semblent avoir été ravagées par d’incessants incendies. Cet horizon représentant l’Œuvre au Noir est un rappel funèbre de l’expérience enfouie de l’alchimiste et n’effrayera que le navigateur qui n’a pas passé le premier Cercle de l’Alchimie.

Dans une anfractuosité de cette barrière calcinée, un portail se dresse, composé d’une arche taillée dans la pierre brute atlante, luisant de mille cristaux minéraux qui palpitent d’une vie insoupçonnée, et d’une porte à deux battant d’un bois de laurier encore vivant, habité par des esprits ancestraux convoqué depuis la forêt Périlleuse, et continuant à se développer comme si la porte était toujours enracinée, en se prolongeant par de nouvelle pousses, obstruant le passage de branches vigoureuses qui s’enroulent autour de l’arche de pierre et forment ainsi une aura de feuillage d’un vert rutilant.

Au fronton de ce portail s’inscrit en lettre de flammes mouvantes l’adage suivant : A la Fin tu es Las de ce Monde Ancien. Plus qu’un avertissement, il s’agit d’une vérité que l’alchimiste a déjà profondément intégrée ; s’il n’avait pas cette sentence à l’esprit, il n’aurait jamais entrepris de naviguer sur les eaux tumultueuses de l’Océan Intérieur. Le Monde Ancien est en l’occurrence le monde profane qu’il s’agit de rénover en ramenant sur lui la lumière de l’Autre Monde.

Passé ce portail, le visiteur s’aperçoit de la double réalité de l’Akasha, de son organisation paradoxale, et s’il avait cru atteindre le sanctuaire des Adeptes, il se rend compte à présent qu’il ne se résume pas à cela, et que ce refuge dissimule une formidable entreprise, un champ de labeur gigantesque.

En effet, l’Akasha se compose de deux domaines : la Voûte et le Pilier. Ainsi, proche du centre de l’Archipel s’ouvre une carrière sombre et escarpée, dont les parois descendent en escaliers successifs vers des profondeurs bruyantes et peuplées de milliers d’ouvriers, de terrassiers, engagés dans une folle aventure surhumaine : la construction d’une Babel inversée.

Lorsque l’on se trouve au fond du gouffre et que l’on lève les yeux vers la surface, un étrange phénomène se produit : au lieu de contempler le cercle de lumière du ciel surplombant la carrière, on voit au contraire apparaître une voûte merveilleuse, telle celle des cieux les soirs d’été, veloutée et envoûtante, à ceci près que des paysages, des reliefs, des régions s’y dessinent. C’est un aperçu d’Arkhémia, le monde des Adeptes, en cours d’élaboration.

Les alentours de la carrière réservent un accueil très différent : on y repère les ambassades des membres du Glorieux Alliage, qui y ont implanté un petit morceau de leur domaine respectif et qui y diffusent un peu de la magie et de la vitalité d’Arkhémia. Rapidement, l’observateur reconnaîtra Esmeralda, assise sur un banc au cœur d’un jardin délicieux, sous l’ombre douce des cerisiers en fleurs ; il verra les reflets dorée du songe Vert caché dans le replis de la Prague occulte par le Lion Vert ; il lira le frontispice du grimoire dont Hermès Trimégiste se sert comme trône ; il sentira l’ozone enivrante au passage d’Atalante fugitive au-dessus de l’Archipel ; il se détournera, enfin, de la vision odieuse de Rébis bicéphale, aux quatre membres agités de soubresauts à l’intérieur de son œuf visqueux.

Mais le plus étonnant est sans nul doute ce que le visiteur peut découvrir au terme de sa descente dans les entrailles de l’Archipel ; au lieu d’un fond, d’un cul-de-sac, d’une fosse, on débouche sur un nouvel espace inattendu, où se dresse le Pilier. Cette colonne cyclopéenne se prolonge en direction d’un domaine inversé, encore une fois, et nul ne peut en voir l’extrémité : le Pilier se perd dans les brumes stratifiées qui planent entre les Plans Subtils et le monde des hommes. La base de ce pilier est diffuse et multiple : elle est constituée en fait par tous les édifices humains qui sont censés élever l’homme vers l’autre Monde : pyramides égyptiennes et aztèques, temples, cathédrales, lieux de cultes païens etc.

Les dangers
L’Akasha est protégé par une multitude de gardiens produits par les opérations des Adeptes, directement issus de la Materia Prima des cinq du Glorieux Alliage et des formules de leurs disciples réunis dans l’Amphithéâtre de l’Éternelle Sapience. Étant donné la puissance de ces alchimistes et l’extrême qualité des Substances dont ils disposent -cultivées au sein même de l’Akasha-, on peut rencontrer n’importe quelle figure correspondant aux Formules de tous les Cercles, ainsi que les Artefact de Spagyrie. Leur puissance est simplement décuplée.

Les plus terrifiants d’entre ces gardiens sont incontestablement ceux que Rébis a fait naître : ils participent de la multiplicité et de la duplicité qui caractérisent l’Adepte aux deux visages et peuvent donc se présenter sous plusieurs jours différents, amis et ennemis, conseillers et exterminateurs, compagnons dévoués et traîtres meurtriers. Parmi eux, on mentionnera par exemple l’Osseuse Cristallisation d’Ivoire.

D’autres sites de l’Ancre d’Arkhémia réservent des difficultés aux visiteurs. A la vue du gouffre central, le visiteur sent sa raison chanceler. il est dit que l’intrus dont l’esprit bascule à ce moment devient immédiatement l’un des ouvriers de la carrière, et descend rejoindre les rangs des terrassiers.

L’esprit

L’origine
Pour bien comprendre la nature de cet Akasha, il importe de se remémorer le sens du Grand Œuvre et son aboutissement au plan universel : Arkhémia. L’alchimiste, arrivé au troisième Cercle, procède à l’Opération du Soleil, qui consiste à se débarrasser de la malédiction de l’Orichalque, puis à obtenir l’entrée au sein de l’Assemblée des Adeptes, qui siègent dans l’Ampithéâtre de l’Éternelle Sapience. A ce moment, le Nephilim est devenu un Adepte.

Le signe de son admission est l’exemplaire d’un registre qu’on lui remet, le Livre des douze Portes, et qui lui apprend l’existence d’un autre monde, fruit de l’effort de transmutation de Adeptes réunis. Ce monde est donc Arkhémia, le secret ultime et jalousement gardé des alchimistes Agarthiens.

Les 12 Portes de l’Archipel