Nephilim le Jeu de l’Occulte Contemporain

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Au bonheur d’Arcadie

dimanche 11 août 2019, par Didier


J’ai le bonheur de compter une poignée de Nephilim parmi mes amis. Le contact de ces créatures merveilleuses, pures émanations d’esprit et de sagesse, m’a plus appris que n’auraient pu le faire les ouvrages occultes les plus secrets. « Au bonheur d’Arcadie » n’est pas à proprement parler une société secrète. Son rôle n’est pas de combattre ou d’étudier les Nephilim, mais d’aider les humains. « Au bonheur d’Arcadie » est une maison de repos, et si j’ai choisi de vous contre l’histoire, c’est parce que je pense, pour y avoir moi-même séjourné, qu’elle éclaire d’une lumière nouvelle un aspect peu connu et pourtant sensible de l’existence des Nephilim, les relations avec les Selenim.

But et organisation

Tenue par un couple de Nephilim, la maison de repos « Au Bonheur d’Arcadie », perdue au cœur de la campagne ardennaise, recueille les humains qui ont perdu la raison après que leur simulacre ait été « déserté » par un Selenim. Bien entendu, de tels spécimens sont rares, d’une part parce que la plupart des Selenim n’abandonnent pas leur simulacre, d’autre part parce que, quand ils le font, les « restes » d’humains qu’ils laissent dans leur sillage sont généralement trop anéantis pour être pris en charge par quelque institution que ce soit, et finissent rapidement par disparaître d’une manière ou d’une autre. Maurice et Sylviane De Scève, les deux Nephilim qui gèrent le Bonheur d’Arcadie, sont conscients du problème. Tous deux issus de l’Arcane XIX, ils ont passé plusieurs existences à étudier les champs magiques de Ka—Soleil, et savent que les simulacres humains abandonnés par les Selenim sont généralement irrécupérables. Plus peut-être par soif de connaissance que par réel humanisme, ils ont néanmoins décidé de recueillir tous ces infortunés, afin de les soigner, de comprendre leur histoire et d’étudier leurs résidus de Ka-Soleil. De façon officielle, Maurice et Sylviane se présentent comme un couple de jeunes aristocrates philanthropes héritiers d’une fortune importante, ayant décidé de mettre leurs vies au service des plus déshérités. En participant activement à de nombreuses œuvres de charité et à d’importants congrès de psychiatrie, ils sont parvenus à se constituer un important réseau de relations dans le monde médical. Leur maison de repos, ouverte en 1986, accueille tous les déments, tous les enragés, tous les grabataires irrécupérables que leurs collègues refusent de prendre en charge. Tous, bien entendu, ne sont pas des simulacres dévastés : malgré une première batterie de tests élaborés, il arrive près de neuf fois sur dix que les De Scève se trompent, et accueillent dans leur institution un simple fou furieux dont ils ne parviendront jamais à tirer quoi que ce soit. Qu’importe. Ils s’en serviront alors comme sujet témoin, la folie étant de toute façon un sujet qui les passionne et les concerne au plus haut point. Lorsque par miracle le couple met la main sur l’un de ceux qu’il recherche,’ il tente dans un premier temps de reconstituer son histoire, que ce soit par hypnose régressive, par séances d’écriture automatique ou par toute autre méthode magique, scientifique, ou pseudo—scientifique. Une fois encore, les chances de succès sont minces. La plupart des patients des De Scève sont réduits à l’état de légumes, et sont incapables de parler ou de manifester la moindre émotion. Mais quelle joie intense lorsque l’expérience est menée à son terme ! Les deux Nephilim consignent toutes les informations qu’ils parviennent à obtenir sur les Selenim et leur appétit de Ka-Soleil dans d’immenses cahiers à fermoir qui sont ensuite soigneusement entreposés dans un coffre immense située dans la cave du manoir. Ils y conservent également des fiches secrètes sur chacun de leur patient : observations générales, évolution du traitement, progrès éventuels en rapport avec les études menées. Qu’il s’agisse de simples humains ou d’authentiques « possédés », les patients sont tous traités sur un pied d’égalité, et il arrive que certains d’entre eux parviennent à retrouver une vie normale. Les résultats du Bonheur d’Arcadie ne sont toutefois ni meilleurs ni moins bons en ce domaine que ceux de n’importe quelle institution spécialisée.

Au quotidien

La maison de repos « Au Bonheur d’Arcadie » est un vaste manoir niché au milieu d’un parc immense et sévèrement protégé, dans lequel les patients le moins atteints sont parfois autorisés à déambuler. Il contient une vingtaine de chambres, et peut accueillir jusqu’à 50 patients à un instant donné. La plupart des chambres sont soigneusement équipées pour répondre aux exigences de ce type d’établissement : lits à sangle, chambres capitonnées, équipement médical standard. Le manoir abrite également deux salles de détente, une piscine couverte, un réfectoire, trois salles de consultation et une salle d’opération. L’une des ailes du bâtiment est consacrée au travail administratif : accueil des familles, traitement des dossiers et formalités financières. Le parc du manoir possède quant à lui deux terrains de sport et un petit bois agréablement ombragé, dont l’accès est en principe interdit aux patients. Les deux Nephilim, on s’en doute, sont assistés dans leur tâche par une quinzaine d’employés : jardinier, cuisiniers, infirmières, aide-soignantes et vigiles. Aucune de ces personnes ne conçoit le moindre doute, me semble-t-il, quant à la véritable nature de ses employeurs et de la mission qu’ils se sont assignés — quoique je ne sois pas resté là-bas suffisamment longtemps pour m’en assurer avec une absolue certitude. Le principal problème n’est pas là, de toute façon : il est à l’extérieur. Certaines personnalités du monde médical commencent à se poser des questions sur le prétendu « humanisme » des époux De Scève, et même si les trois inspections auxquelles a été soumis l’établissement se sont toujours déroulées sans accroc, plusieurs élus locaux commencent, sous la pression populaire, à tourner leurs regards vers la maison de repos. Certains voisins ont évoqué d’étranges hurlements, au cœur de la nuit — et l’évasion d’un pensionnaire, il y a de cela quelques années, faillit tourner à la catastrophe (le malheureux fut finalement happé par un train alors qu’il s’apprêtait sans doute à mettre le feu à une prairie toute proche). Jusqu’à présent, les autorités n’ont jamais rien pu prouver, mais il est certain que la présence de ce couple richissime et sorti de nulle part dérange plus qu’elle ne rassure dans la région. Les époux De Scève éprouvent de plus en plus de difficultés à se procurer des nouveaux patients, d’autant que les rares familles s’intéressant encore à leurs proches demandent parfois des comptes.

Quelques patients intéressants...

• Simone Leblanc

Cette vieille femme âgée de 85 ans prit en son temps une part active à la Résistance, avant de disparaître de la circulation pour s’enfuir, dit-on, en Amérique du Sud. Arrivés à ce point, les De Scève se perdent en conjectures. Ils s’accordent néanmoins à penser que sa fuite fut la conséquence de la possession de son simulacre par un Selenim. Maurice estime qu’elle est partie là-bas pour tenter de s’y faire exorciser (on a retrouvé des traces de sa présence à Rio de Janeiro), Sylviane évoque pour sa part la possibilité d’accointances nazies et l’éventualité d’un double-jeu pervers. Les choses progressent lentement : Simone est tétraplégique, et ne peut s’exprimer qu’en clignant les yeux. L’un des jardiniers du manoir m’a confié qu’à son avis, la vieille folle battait des sourcils de façon totalement anarchique, une fois oui, une fois non, pour que l’on continue de s’intéresser à elle. C’est une hypothèse séduisante, mais un peu simpliste.

• Colonel Franco Romani

Ce vieillard impossible, qui a pris part à la guerre d’Espagne sous les couleurs franquistes, est un véritable spécialiste de l’automutilation : les époux De Scève pensent qu’il essaie toujours de se débarrasser de l’être qui a pris possession de son corps « en le forçant à sortir par ses blessures », même si cela fait au moins onze ans que le Selenim qui se nourrissait de son Ka—Soleil l’a quitté. Il est impossible de laisser Romani sans surveillance : il finirait immanquablement par se tuer. S’ils sont parvenus à reconstituer son histoire de façon globalement très satisfaisante, les Nephilim continuent de s’interroger sur le colonel. Ils ne savent toujours pas — personne ne le sait — pourquoi Romani possède toujours la sensation d’être habité par une entité étrangère.

• Sylvie Thompson

Âgée de 19 ans, cette jeune fille est la plus jeune pensionnaire du manoir, et sans doute la plus effrayante. Ses parents, un couple de riches industriels américains, l’ont abandonnée à son propre sort après qu’elle ait perdu la raison, il y a trois ans de cela. Il semble que nous nous trouvions ici confrontés à un cas de possession sporadique ; les De Scève évoquent la possibilité d’un Selenim dément se déplaçant très rapidement de simulacre en simulacre et ne laissant derrière lui qu’une traînée de déments incurables. Des recherches sont actuellement en cours sur l’entourage de la jeune fille. Dans la journée, Sylvie reste assise sur une chaise roulante à l’ombre d’un vieux peuplier, pas parce qu’elle ne peut plus marcher mais parce qu’elle ne le veut plus. Sa beauté presque surnaturelle est ternie par un regard inexpressif, et il est impossible de tirer quoi que ce soit d’elle - ni parole, ni regard, ni mouvement. La nuit, les choses sont différentes. Le manoir est souvent réveillé par les hurlements de terreur ou de souffrance de la jeune fille, des sentiments dont les Nephilim sont pour l’heure incapable d’exprimer la provenance. Pensant que je pourrais peut-être l’aider, Sylviane m’a raconté qu’elle s’était précipitée une nuit vers la chambre de la patiente pour savoir ce qui se passait et qu’elle l’avait trouvée immobile et sanglée sur son lit, son pot de chambre flottant à deux mètres du sol sans le moindre support. Pas plus qu’elle, je ne suis parvenu à expliquer ce phénomène : résidu d’une ancienne puissance magique ? Vengeance d’un Selenim à long terme (mais vengeance contre quoi...) ? Pouvoirs psychiques résiduels et incontrôlables laissés par « l’hôte » ? Sylvie fait partie de ces inquiétants mystères qui, loin de décourager les Nephilim, les poussent au contraire à aller de l’avant.


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