Le mot Sephirah (pluriel Sephiroth) désigne en hébreu une "émanation numérique". Qu’est-ce donc ? C’est l’idée de quelque chose engendré par autre chose, et dans un certain ordre. Ainsi, comme on vient de le voir, la Création de l’Univers a consisté en l’émanation successive de dix Sephiroth, depuis Kether, l’étincelle de vie divine, pour arriver à Malkut, le monde matériel. Les Sephiroth sont donc, dans l’ordre d’involution : Kether, Chokmah, Binah, Chesed, Geburah, Tipheret, Netzah, Hod, Yesod et Malkut. Cet ordre est dit "d’involution" car il est celui dans lequel l’univers a été créé. L’ordre inverse, ou ordre d’évolution, est celui que le kabbaliste devra emprunter pour pouvoir renouer avec la puissance originelle, l’étincelle de vie divine qui sommeille en chacun de nous et qui mène à l’Agartha. Mais attention, il ne faut jamais perdre de vue que chacune de ces Sephiroth contient une parcelle de toutes les autres : d’une part, l’héritage de celles situées "en amont", et d’autre part, l’énergie nécessaire pour engendrer celles qui se trouvent "en aval".
Au nombre de 10, les Sephiroth sont les dix principes, les dix étapes de la quête kabbalistique. Elles sont considérées comme des émanations de l’Inconnaissable, de l’infini par excellence.
Elles portent chacune des noms hébraïques qui nous donnent une clé pour accéder à leur compréhension.
Les Dix Sephiroth
Sephirah du monde matériel, Elle est le réceptacle de toutes les influences. Malkuth incarne le stade ultime de la forme, dense et palpable, incapable d’exister plus concrètement. Elle est notre univers, notre planète, notre corps et toutes choses animées et inanimées qui nous entourent. Malkuth est le Royaume des formes imaginées enfin réalisées. Malkuth est aussi le lieu où les liens entre force et forme se dégradent et se rompent, le seuil où l’on "rend l’âme", où ce qui ne peut être assimilé devient déjection. Le défi de l’homme est sans doute de pouvoir maîtriser un jour la myriade d’énergies et d’influences qui s’agitent dans son royaume. Associée aux Déesses-Mères de la terre comme Déméter et Céres. Déesses gracieuses et généreuses mais aussi d’une grande dignité, car participant à ce mystère que la tradition kabbaliste exprime par ces mots : « Malkut siège sur le trône de Binah ». Ses habitants sont parfois un peu frustres et peu maniables car sont associés aux forces primaires, élémentaires.
Sphère de l’émotion, elle est pour le kabbaliste le lieu par excellence des émotions, du sentiment de la conjonction entre l’instinct et l’esprit. Yesod-Fondation est la première grande porte vers l’ensemble de l’Arbre de Vie, vers le monde astral qui symbolise les champs magiques. Elle conçoit le moule des formes, les sculpte, assure leur intégrité. Elle façonne le fleuve de vie issu de Netza’h dans les structures complexes élaborées par Hod. Elle sélectionne les images résultant de l’union de ces deux principes pour ne garder que les esquisses pures et équilibrées. Ces images, ces plans, ces architectures, deviendront matière dans Malkuth. Ainsi Yesod est le fondement de toute chose s’incarnant. En tant qu’union de deux principes, elle est plaisir et jouissance. Associée à la lune, elle est la Sephirah des illusions et permet d’invoquer des créatures spectrales, difficiles à cerner et qui bernent l’entendement. Ces invocations sont considérées comme des fantômes, des esprits frappeurs ou des spectres par les humains. Les néphilim savent qu’elles aiment jouer des tours à leurs invocateurs.
Sephirah de l’entendement, de l’esprit du comput et de la compréhension. Ici, c’est l’aspect analytique de l’esprit qui est mis en mouvement. Hod est associée aux formalismes, à la logique, aux systèmes formels, au rationalisme. Elle est Gloire car elle exprime la reconnaissance du savoir maîtrisé, codifié et délivré à tous. Hod dissèque les élans de Netza’h, analyse et oppose, démonte et argumente. Le flux de Netza’h, canalisé par Hod, engendre une boulimie de savoir, une versatilité, une inventivité extrême par lesquels le Nephilm fait preuve d’idées structurées et d’inspiration ailée. Celui qui cherche à tout savoir, qui "dévore" les informations, se rencontre souvent dans la sphère d’Hod. Sous l’influence de cette Sephirah, l’homme tente de comprendre un objet en l’analysant. Hod est le réceptacle de la connaissance figée (les livres), en ce sens elle est la gardienne des secrets, des savoirs et de la mémoire du monde. Il peut, par la maîtrise de cette Sephirah, arriver à une meilleure compréhension du monde qui l’entoure. Les créatures invoquées sont réputées êtres serviables et autonomes dans leurs mouvements.
Il s’agit de la Sephirah de intelligence occulte, l’union de l’intellect et de la foi ; ainsi que des émotions, des sentiments et plus généralement des élans, des tentatives de compréhension immédiate. Les créatures invoquées agissent directement sur les émotions enfouies en chacun de nous, elles peuvent faire monter à la surface de l’esprit des instants de joie intense ou de douleurs extrêmes. Netza’h est élan mystique, confiance et enthousiasme. Netza’h est Victoire car elle est but atteint, adéquation. Elle nourrit les tentatives de compréhension dans lesquelles on essaie d’entrer en résonance avec l’objet que l’on cherche à comprendre. Les Néphilim atteignant ce cercle d’initiation privilégient l’empathie et sont souvent à l’écoute des autres. Ils aiment porter du turquoise.
Tipheret
Tipheret est située au milieu du parcours initiatique du kabbaliste vers l’Agartha. st intelligence médiatrice et union des influences. Elle est beauté, harmonie des formes et des idées. C’est un point d’équilibre mais aussi un carrefour : le lieu où la transmutation des énergies est possible. En ce sens elle est associée au sacrifice (renoncer à un acquis pour atteindre un état de conscience plus grand). Après avoir maîtrisé la matière, l’illusion, la raison et l’émotion, le Néphilim s’aventure vers les connaissances cachées qui donnent la puissance. C’est la sphère du Soleil, des transmutations et des métamorphoses, d’ailleurs Le soleil qui se consume en permanence pour briller en est le symbole le plus utilisé Cette Sephirah marque la rupture et demande au Néphilim beaucoup d’efforts pour se remettre en cause. Elle recèle plutôt des créatures magiques qui intéressent le Néphilim lui-même. Les kabbalistes arrivant à ce niveau aiment à porter du jaune d’or pâle ou du jaune vert pâle.
C’est la sphère de Mars, du Roi Guerrier en général, de la justice divine et de la force. L’acier inflexible, l’écarlate ainsi que tout ce qui évoque l’austérité, la simplicité et la discipline rigoureuse des spartiates sont à rapprocher de cette séphirah. Elle va à l’encontre du processus de cohésion de Chesed. Elle est force car elle disperse, guerre car elle oppose, chaos car elle détruit. Elle est courage car elle met à l’épreuve les créations de Chesed. Elle est souvent associée au principe du Mal et à Satan, l’Adversaire, "celui qui sème la discorde". Ceci ne signifie pas que Geburah soit "maléfique" (voir qualités des séphiroth). Ordre et chaos sont deux principes indispensables à l’équilibre du monde. De ce point de vue, il n’est pas étonnant que les mathématiques et la physique moderne s’en fassent aussi l’écho. Geburah explore la force brute des champs magiques. Les énergies employées sont puissantes et violentes, elles servent souvent à la destruction. Les créatures invoquées sont colériques, dangereuses et difficiles à manier. Les Néphilim développant la fin de ce cercle deviennent violents, agressifs, actifs, débordants d’énergie. ils aiment porter du rouge ardent et de l’ambre.
Sphère de Jupiter, elle est la Sephirah du roi miséricordieux et pacifique, prêtre et législateur. Cette Sephira englobe intelligence cohésive et état-réceptacle de tous les pouvoirs. Les formes rendues possibles par Binah sont maintenues et alimentées par Chesed. Par celles-ci, les kabbalistes associent à leurs travaux invocatoires les pouvoirs divins de la paternité et des cieux : Zeus ou son frère Poseïdon ou le Tinia étrusque. Cette sphère canalise les énergies sauvages. Elle est associée aux principes d’ordre, de synthèse et d’assimilation. En termes d’attitude, elle est compassion et magnanimité. Le Néphilim arrive à contrôler les puissances magiques et à les utiliser pour dominer. Il devient alors un roi-magicien. Pour les autres Néphilim, il détient les signes extérieurs de la puissances occulte. Les Néphilim atteignant cette Sephirah revêtent de manière symbolique un sceptre ainsi que la couleur bleue.
La 3ème Sephirah densifie et concentre le flux de Chokmah. Binah est associée au principe féminin. Elle est la Mère dans toute son ambiguïté : celle qui donne la vie, c’est-à-dire qui façonne l’élan premier pour lui donner forme, mais aussi celle qui donne la mort, la mangeuse du Sexe, avaleuse des morts : toute limitation du divin étant voué à la destruction. Cette restriction de Chokmah en Binah marque la naissance du Temps. Sephirah de l’intelligence, de la lucidité, de la vision, Elle représente la Contemplation infinie et la Compréhension, ce qui induit déjà une certaine dualité : on comprend quelque chose (qui nous était donc étranger) tandis que l’on est sage (synthèse, union). Peut-être est-ce là l’une des Sephiroth les plus difficiles à appréhender. Les créatures de cette Sephirah ont une intelligence et des connaissances très étendues dans de nombreux domaines. Ils constituent de précieux alliés des Néphilim.
C’est la Sephirah de la sagesse. Grand-père éternel, protecteur mais aussi dévoreur de ses enfants, cette sphère est la séphirah de la Révélation ancienne et archétypale. Le dessus devient le dessous et ce qui est en haut passe en bas. La deuxième Sephirah est expansion, une déferlante dans laquelle tout existe de manière indifférenciée. Elle est mouvement : le point s’animant devient ligne et acquiert la première dimension. Chokmah représente l’élan premier, le flux inexorable, le concept-père qui contient potentiellement tous les autres, le principe masculin. Elle est Sagesse en ce sens qu’elle incarne l’état ultime avant la fusion totale avec Dieu (la conscience cosmique).
Le Nephilim qui entre en Chokmah est proche de l’Agartha. Les créatures qui se trouvent dans Chokmah sont soit d’une puissance immense, soit constituent des portes pour l’accomplissement du Néphilim.
Première d’entre les Sephiroth, Kether est associé à l’Unique, le principe créateur, Dieu éternel et inconnaissable. Elle incarne l’étincelle divine elle-même. Cette "incarnation" est dépourvue de forme, même mentale et ne peut être comprise, d’après la Kabbale, qu’en faisant un avec elle, en devenant dieu. C’est la couronne, le but ultime de tout Néphilim. Très peu de kabbalistes veulent en parler tant les créatures associées à cette sphère sont proches du Démiurge. Les entités s’y trouvant sont généralement les rois des mondes de kabbale. Seuls un Néphilim ayant atteint le niveau de la maîtrise peut invoquer les créatures de cette séphirah qui est celle du temple de la Sagesse Intérieure.
Voyons à présent une autre approche de l’Arbre de Vie : les Olams